Un simple état d'être

Quelle chance nous avons d’avoir un corps qui nous parle.

Combien de pathologies pourraient être évitées si nous écoutons plus en amont son langage ? C’est une recherche, ainsi qu’un vrai plaisir que de se rallier à cet état de conscience. Je me rappelle tous les jours que j’habite un corps, que celui-ci réagit à ce que je mets dans mon assiette, aux contextes dans lesquels j’évolue, aux émotions des autres.

Parce que nous avons tendance à l’oublier, notre corps est bien là et nous parle. Parfois, il nous révèle des troubles, des déséquilibres émotionnels, il tente de nous alerter. Deux réponses semblent alors possible : nous laissons les symptômes aller et venir voire s’intensifier, ou bien nous nous arrêtons un instant : comment est-ce que je me sens en ce moment ? Qu’est-ce qui se joue pour moi ? Depuis combien de temps ? Me sens-je pleinement heureux-se ? Dans certains cas, il suffit de quelques corrections alimentaires, d’une synergie de plantes pour rétablir le terrain à l’état d’équilibre. Parfois, cela ne suffit pas, et ces questions méritent que l’on y consacre un peu de temps. Et là, le champ est vaste, les possibilités sont infinies. Cela est presque déroutant car il n’y a pas de référentiel ; ce n’est pas parce que l’on présente une angine que la problématique révélera forcément la capacité de la personne à exprimer ses émotions. Tomber dans le piège des raccourcis est parfois confortable lorsque nous avons hâte de comprendre la cause émotionnelle de nos troubles. Et ces questions n’ont pas forcément de réponses, le processus compte davantage : enquêter, écouter ce qu’il se passe, identifier les interactions entre notre mental, nos émotions et notre corps physique. Ces allers-retours accompagnent en douceur notre quotidien. Et ne devraient jamais tendre à nous replier sur-nous même. Car c’est un risque : en souhaitant restaurer ce lien intime avec nous-même, nous pouvons glisser vers une forme de nombrilisme, et perdre le contact avec l’extérieur. Cette attention pour nous-même doit rester là en continu, en arrière plan, en tant que simple état d’être. Reconnecté à celui-ci, nous évoluons plus léger auprès des autres, et nos projets. Nous nous connaissons mieux et avons alors une lecture plus sereine du monde.

Article paru dans le journal l'âge de faire n°150

Marie-Louise Grognet

Naturopathe